La justice a ordonné cette mesure, inédite en France, afin de déterminer l’impact de l’ouvrage sur un élevage. Les animaux s’alimentent moins, souffrent de maladies et produisent moins de lait depuis son installation, selon leurs propriétaires.

Source Le Monde, par Manuel Armand (Mazeyrat-d’Allier, Haute-Loire, envoyé spécial)

Publié le 07 juin 2022

Une antenne-relais téléphonique du réseau 4G Orange située près de la coopérative agricole communale surnommée « GAEC de Coupet », à Mazeyrat-d’Allier (Haute-Loire), le 3 juin 2022.
Une antenne-relais téléphonique du réseau 4G Orange située près de la coopérative agricole communale surnommée « GAEC de Coupet », à Mazeyrat-d’Allier (Haute-Loire), le 3 juin 2022. THIERRY ZOCCOLAN / AFP

« Du haut de mon tracteur, je vois bien qu’elles n’ont plus que la peau et les os. J’en chialerais. » De l’autre côté de la petite route qui serpente le long de sa propriété, un peu à l’écart du bourg de Mazeyrat-d’Allier, en Haute-Loire, Frédéric Salgues peut apercevoir à moins de 300 mètres ce qu’il juge être la cause des problèmes de ses vaches : un pylône de téléphonie mobile mis en service par Orange le 28 juin 2021. Partagé entre la colère et l’abattement, l’éleveur, qui dirige le Gaec de Coupet avec son épouse Géraldine et son frère Yannick, reprend pourtant espoir. Le 23 mai, le tribunal administratif de Clermont-Ferrand a ordonné l’arrêt du fonctionnement de l’antenne 4G pour une durée de deux mois.

Cette mesure, inédite en France, devrait être effective dans les trois mois. L’objectif est de réaliser une expertise afin « d’établir un lien potentiel de causalité entre le comportement des bovins et cette antenne ». Le tribunal administratif met en avant « une baisse importante de qualité et de quantité du lait produit, un trouble grave dans le comportement du cheptel et sa dénutrition volontaire et des décès anormalement élevés ». Devant son troupeau de prim’Holstein, ces vaches noir et blanc championnes de la productivité laitière, M. Salgues se désole. « Elles sont toutes maigres, fait-il observer. Elles ne se lèvent plus la nuit pour manger et elles ne boivent quasiment pas. Et celle-ci, qui reste totalement immobile avec la mâchoire coincée sur le côté et la tête baissée, on voit bien qu’elle n’a pas un comportement normal ! » Et d’ajouter : « Ces vaches, elles sont tristes. »

Son frère Yannick montre le calendrier Sodiaal, la coopérative qui collecte le lait tous les deux jours. Les quantités y sont soigneusement notées. En juin 2021, la moyenne est de 4 200 litres. Le 3 juillet, moins d’une semaine après la mise en service de l’antenne, les Salgues ont inscrit 3 792 litres. Dans les jours qui suivent, la chute est vertigineuse : jusqu’à 2 700 litres à la fin du mois.

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